Accueil Présentation Visioconférences Séminaires et Remote Lectures Photographies Liens utiles Contact

Visioconférence du 21 mars 2018.

SEPSIS : des nouveaux-nés aux vieillards… tous concernés !

Jean-Marc Cavaillon (Institut Pasteur, Paris)

 

Le sepsis est le terme anglo-saxon employé pour caractériser une réponse inflammatoire généralisée associée à une infection grave. Le terme septicémie, créé en 1837 par le médecin français Pierre Piorry, à partir de mots grecs (1), désigne la présence de bactéries (voire de champignons ou de virus) dans le sang. En 2016, une nouvelle définition a été proposée : le sepsis est un dysfonctionnement d'organes potentiellement mortel, résultant d’une réponse dérégulée de l'hôte à l'infection. En 2017, l’OMS a classé le sepsis comme une priorité de santé publique.

Historique
Cette année nous célébrons le bicentenaire de la naissance d’Ignaz Semmelweis, médecin hongrois qui démontra à Vienne en 1847 l’importance de l’hygiène des mains afin d’éviter la propagation de la fièvre puerpérale (infection des femmes après l’accouchement). Ce sont deux médecins alsaciens, Victor Feltz (1835-1893) et Léon Coze (1819-1896), qui les premiers en 1869, démontrèrent la présence de bactéries dans le sang d’une patiente atteinte de fièvre puerpérale. Louis Pasteur confirma ces observations en 1879.

Epidémiologie
Aujourd’hui, le sepsis touche plutôt les âges extrêmes de la vie, les nouveau-nés (sepsis néonatal) et les seniors. Une personne meurt de sepsis dans le monde toutes les 5 secondes. Dans les pays industrialisés, le sepsis représente autant de décès que l’infarctus du myocarde : on y dénombre 95 cas de sepsis pour 100 000 habitants pour les moins de 65 ans, et 1220 cas pour les plus de 65 ans. Dans les pays en développement, le sepsis puerpéral demeure une cause de mortalité importante des femmes après leur accouchement (18 000 décès par an). Quant au sepsis néonatal, on estime qu’il est à l’origine de plus de 350,000 décès parmi les nouveau-nés dans le monde. Le sepsis peut aussi atteindre des personnes dans la force de l’âge : les méningococcémies (purpura fulminans) sont un exemple de sepsis pouvant survenir chez des personnes jeunes en bonne santé, tout comme les syndromes de choc toxique suite à l’usage de tampons hygiéniques.

Cause
Le sepsis est la conséquence d’une infection grave qui peut commencer localement (péritonite, pneumonie, infection urinaire, infection sur cathéter, etc.). Elle touche généralement des patients dont le système immunitaire est affaibli, ou momentanément altéré comme après un acte chirurgical lourd ou une traumatologie (infections nosocomiales). Toutes les bactéries, même celles présentes naturellement à la surface de la peau ou dans la gorge, normalement non pathogènes, peuvent être responsables de sepsis. Des infections fongiques peuvent également survenir tandis que certains virus (SARS, influenza H1N1, fièvres hémorragiques) peuvent induire une réponse semblable, tout comme les formes sévères du paludisme.

Physiopathologie et traitement
Le sepsis s’accompagne d’une production exacerbée de médiateurs inflammatoires. On parle d’une « tempête cytokinique » pour évoquer la production massive de cytokines, associée à une « reprogrammation » des leucocytes. Environ 25% des patients qui survivent à un sepsis présentent des altérations cognitives. Les patients admis en soins intensifs sont traités par antibiotiques et reçoivent les supports nécessaires aux fonctions vitales. Si des progrès considérables ont été accomplis dans la compréhension de la physiopathologie associée au sepsis, aucune nouvelle thérapie n’a vu le jour malgré les succès dans les modèles animaux. Ceci doit nous amener à réfléchir sur la pertinence des modèles utilisés ! De nouveaux concepts doivent donc être élaborés, et des tests de diagnostic plus rapides permettraient une mise sous antibiotiques plus précoce. Ce dernier élément demeure fondamental, car chaque heure gagnée améliore les chances de survie.

Vous pouvez télécharger le diaporama de la conférence en cliquant ici (fichier pdf).

L'enregistrement de la visioconférence est disponible sur YouTube à l'adresse suivante : https://www.youtube.com/watch?v=jWClmsOM9yI

La flamme salvatrice Il était une fois l'inflammation, Jean-Marc Cavaillon (Auteur), paru le 20 juin 2017, Essai (broché), éditeur Docis
ISBN : 2855254043

Dans cet ouvrage, l’auteur cherche à faire découvrir au lecteur la fascinante histoire de l'inflammation, sa beauté quand elle rime avec immunité et protection contre les infections, sa laideur quand elle rime avec maladies, voire avec mort. En faisant références au cinéma et aux œuvres d'art, l’auteur illustre la dualité de cette inflammation, son aspect mi-ange mi-démon, le yin et le yang de la vie, le bien et le mal... Au gré de ses recherches bibliographiques, l’auteur emmène le lecteur de l'âge des dinosaures aux découvertes les plus récentes du XXIe siècle. Il décrypte les étapes qui permirent de faire le lien entre miasmes, microbes et maladies infectieuses. Il évoque les luttes contre ces dernières, et salue les précurseurs de l’hygiène. Il s’incline devant la tombe du scientifique inconnu, rend hommage aux pionniers célèbres ou oubliés, aux savants qui déchiffrèrent les mécanismes de l’inflammation, à ceux qui proposèrent de nouvelles thérapies, ou mirent fin à des approches thérapeutiques millénaires inutiles telle que la saignée. Il témoigne de son admiration pour ces précurseurs qui en avance sur leur temps luttèrent contre les préjugés, les dogmes, et l’égo de leurs collègues. Il nous détaille les nombreux paramètres qui influencent la qualité de la réponse inflammatoire, le stress, le sexe, la vieillesse, le système nerveux… de l’effet placébo à l’effet nocébo. Au gré du récit, l’auteur sème des anecdotes de sa vie de chercheur et d'enseignant, ses rencontres avec des prix Nobel, mais aussi avec des escrocs de la science. Enfin, il nous livre ses commentaires que l'amènent à formuler des décennies confrontées au long chemin escarpé de la recherche.

Le yin et le yang de l’inflammation : émission enregistrée sur France Culture le 6 février 2018.

 

 

retour