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Visioconférence du 31 mars 2009
L’allergie : carrefour entre l’environnement et la génétique.
Pr. Bernard DAVID, Institut Pasteur, Paris, France.
L’OMS place les maladies allergiques au 5/6ème rang des grandes pathologies recensées dans le monde. La fréquence des manifestations allergiques dans la population est variable en fonction des pays, mais de situe en moyenne entre 20 et 40%. Les ¾ de ces affections sont des respiratoires (asthme, rhinites) et on compte 0,0025 % de mortalité chez les asthmatiques et des cas plus isolés de choc anaphylactique sévères, parfois mortels, après ingestion d’aliments, piqûre d’insectes, absorption ou injection de médicaments.
En France comme partout dans le monde, l'augmentation de la fréquence et de la morbidité des maladies allergiques au cours des trois dernières décades traduit la nécessité de développer de nouvelles stratégies pour mieux les prévenir et les combattre.
L’objectif est de mieux informer les professionnels de la santé qui sont amenés à prendre en charge les patients susceptibles d’en être affectés.
Mais qu’entend–on par allergie ?
L’allergie n’est pas une maladie, mais désigne un état d’hypersensibilité dont le mécanisme de base exclusivement immunologique a pour mission de protéger notre organisme en réagissant contre toute agression. Le paradoxe vient surtout du fait que l’organisme réagit contre des substances naturelles parfaitement inoffensives non toxiques et non infectieuses (donc non pathogènes) de notre environnement par un mécanisme immunologique comparable à celui qui est destiné à nous défendre contre des agents pathogènes ( microbes). En définitive, on constate que cette réaction de défense normale et certainement silencieuse chez la plupart des individus devient sous l’effet de multiples facteurs dont la génétique et l’environnement, excessive, mal contrôlée et déséquilibrée. Elle aboutit chez certaines personnes à une pathologie paradoxale, créant de véritables syndromes extrêmement variés engendrant alors des maladies dites « allergiques ».
Comment se situent les évènements qui transforment cet état d’hypersensibilité a priori normale en pathologie?
L’état actuel des connaissances a permis de distinguer plusieurs états d’hypersensibilité dont deux représentent la quasi-totalité de l’expression pathologique de l’allergie.Ces deux états appelés hypersensibilité retardée et hypersensibilité immédiate correspondent à deux mécanismes immunologiques différents et, partant, à des syndromes très distincts.
L’hypersensibilité retardée ne fait pas intervenir d’anticorps, mais des mécanismes cellulaires et se révèle le plus souvent au niveau de la peau, par contact, ce qui provoque une réaction inflammatoire. L’expression clinique de l’allergie dite retardée est la dermite ou eczéma de contact. En définitive, tout produit mis en contact, au cours de la vie domestique ou professionnelle, dont l’application sur le derme est répétée peut être responsable d’un eczéma de contact chez certaines personnes.
Le second état d’hypersensibilité qui représente la forme d’allergie la plus fréquente est l’hypersensibilité immédiate dénommée ainsi parce que l’effet réactionnel apparaît dès les premières minutes qui suivent la stimulation. La pathologie allergique qui s’ensuit s’exprime en fonction de quatre éléments majeurs :
- L’exposition aux substances naturelles de notre environnement que nous inhalons plus ou moins fréquemment (pollens, acariens, poils d’animaux …) et que nous ingérons quotidiennement (aliments), dénommées « allergènes » chez le patient allergique.
- Un terrain propice (génétique)
- Une synthèse d’anticorps particuliers (IgE) induits par les « allergènes »
- Une réaction inflammatoire intense, responsable d’une pathologie d’origine allergique soit respiratoire (asthme, rhinite, « rhume des foins ») soit cutanée (urticaire par piqûres, médicaments, absorption d’aliments) soit systémique (choc anaphylactique) surtout avec les venins d’hyménoptères, les aliments et certains médicaments.
Mis à part le cas de chocs anaphylactiques aux venins d’insectes ( guêpes, frelons…) ou aux médicaments, les allergies respiratoires dues aux pollens, acariens, chat, chien…) et alimentaires ( aliments ingérés quotidiennement) surviennent chez des sujets génétiquement programmés et les transmissions héréditaires sont les plus fréquentes lorsque les deux parents sont allergiques. Un signe important permet de déceler précocement chez l’enfant les facteurs de risque d’être allergique : c’est l’apparition d’un eczéma (à ne pas confondre avec l’eczéma de contact) après la naissance, appelé encore dermatite atopique, le terme atopie signifiant « terrain » c’est-à-dire la caractéristique génétique confirmée des patients allergiques « atopiques ».
On pense que l’augmentation de fréquence des allergies dépend de l’évolution des conditions de vie sociale et professionnelle, des transformations de l’environnement spécifique (plantes, aliments) et de l’influence de l’environnement non spécifique (pollution).
Vous pouvez télécharger le diaporama en cliquant ici.

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